Chère Diane,
Midi. Visite du Schaulager, un lieu hybride, entre espace de stockage et d’exposition, abritant l’impressionnante collection Emmanuel Hoffmann. L’architecture, tout comme les œuvres exposées, est monumentale, sereine, épatante. Seulement trois œuvres exposées, et là encore, le choc esthétique opère! Katharina Fritsch, Alexej Koschkarow, Robert Gober. Je retiens la remarque de Pierre comme la plus appropriée, tellement les mots justes me manquent : « C’est un peu Star Wars de l’art contemporain. »
www.schaulager.org
Après-midi. Visite de la Kunsthalle, superbe exposition de Yngve Holen. Notions : ready-made, objets détournés, épuration, Entfremdung, ambiance de science-fiction, froideur, déshumanisation et anthropomorphie vont paradoxalement main dans la main.
Visite de Art Basel Parcours, œuvres disséminées dans l’espace public et des bâtiments patrimoniaux. Les propositions sont, dans l’ensemble, pas très intéressantes. Je découvre néanmoins le patrimoine bâlois, et un Bernard Venet qui joue parfaitement avec l’architecture dans laquelle il s’insère. Je salue également la tenue d’une performance de Tracey Rose, traitent du sexe et du genre en plein espace public.
19h. Je vais voir la performance Angst d’Anne Imhof. Univers étrange, peuplé d’objets issus de la consommation, mais qui se chargent d’une symbolique obscure. Temporalité étirée, jeu sur la lenteur, l’ennui. Un mot me hante : the void. Le vide. Les performeurs sont de très jeunes et très belles personnes, parfaitement inexpressives et lisses. Ils se confondent avec les spectateurs, dans une sorte d’anti-spectacle, ils marchent à travers la salle, s’assoient, fument des cigarettes, se regardent, consultent leurs messages sur leurs téléphones portables (j’apprends plus tard que c’est ainsi qu’Anne Imhof donne des instructions aux performeurs). De temps en temps ça s’accélère, de la musique est diffusée via les smartphones, pour s’arrêter tout aussi brusquement. Deux faucons font partie des performeurs, mais là encore, le potentiel spectaculaire est court-circuité par l’inaction totale des animaux. La performance se situe quelque part entre l’univers de Matthew Barney (pour les « props », les accessoires / décors, les fluides, le symbolisme pas toujours accessible) et une publicité de Calvin Klein.
www.kunsthallebasel.ch/exhibition/angst/