Je dois m’excuser pour mes digressions de hier au sujet de ton utilité, chère Diane. Le texte de Thierry de Duve que j’ai lu dans le train de Mulhouse à Clermont-Ferrand m’a quelque peu emportée dans son élan dramaturgique! Je t’en conseille d’ailleurs vivement la lecture, chère Diane, si tu as un moment à tuer!

A 14h08, j’arrive en gare de Clermont-Ferrand, Martial Déflacieux de Artistes en résidence passe me prendre pour aller à l’atelier. Je rencontre Luisa Abreu, artiste portugaise en résidence à Clermont-Ferrand pour un mois, et Mélanie Muratet-Campos, artiste française qui va s’installer à Clermont à la suite de sa résidence de trois mois.
Discussion avec Martial sur toi, chère Diane (décidément, tu es en vogue comme sujet de débat!), et sur la nécessité ou non de signer des contrats avec les artistes et/ou commissaires. Artistes en résidence est membre du réseau Arts en résidence, qui s’engage, entre autres, pour la création d’un contrat-type pour les résidences d’artistes, afin d’éviter les abus. Sauf que Martial m’affirme ne jamais signer de contrat avec les artistes en résidence à Clermont-Ferrand. « C’est mon côté anarchiste » il dit. C’est vrai qu’on tue la vision romantique de l’artiste à coup de contrats administratifs et de formations juridiques, mais il me semble que c’est ce même artiste romantique qui arrive à se contenter d’amour et d’eau fraîche comme moyens de subsistance. Dans le meilleur des mondes, c’est vrai, on n’aurait certainement pas besoin de signer des contrats à tout va, mais j’imagine que le libéralisme n’est pas le modèle en vigueur dans le meilleur des mondes non plus.
www.artistesenresidence.fr

En fin d’après-midi, je vais visiter la magnifique, somptueuse, époustouflante cathédrale noire de Clermont-Ferrand ! C’est Gotham City version gothique, c’est superbe !

Clermont

18h30. Lancement de La Belle Revue, revue d’art contemporain annuelle, à In Extenso, petit espace d’exposition associatif de 25m2 dans le centre de Clermont-Ferrand. Je découvre l’exposition de Niels Trannois qui s’intitule ••˜\ˆ˘ˆ ^\_ (moirée, la surface). Une pratique picturale, inspirée du théâtre japonais Bunraku, légère, gestuelle, sensible. La présence d’un mannequin en bois me perturbe beaucoup, je trouve qu’il une dimension bavarde et lourde aux propositions graphiques. J’en discute avec Benoît Lamy de La Chapelle, directeur artistique de In Extenso. Quand je lui parle d’Art Basel et du Schaulager, ainsi que des nombreuses discussions autour de la notion de choc esthétique que nous avons eues à Bâle, il me reproche d’être fasciné par le spectaculaire – me faisant douter d’un coup de mes jugements de valeur en matière d’art contemporain. Si le Rattenkönig de Katharina Fritsch marche, c’est sans doute à cause de sa taille monumentale, mais avant tout pour son inquiétante étrangeté, d’autant plus perturbante que les moyens pour la créer sont d’une simplicité extrême : changement d’échelle et traitement de surface par une couleur franche et matte. J’essaie de m’imaginer cette pièce dans les rues de Nantes pendant le Voyage à Nantes, je n’arrive pas à savoir si elle me ferait le même effet. Le contexte de monstration influe forcément fortement sur la réception d’une œuvre. L’installer dans la cathédrale de Clermont par exemple, serait définitivement too much.

www.inextensoasso.com

www.labellerevue.org

www.galeriechezvalentin.com/fr/artistes/niels-trannois