Chère Diane,

A 14h, j’assiste à une deuxième discussion dans le Art Basel Salon, avec Alison Knowles, artiste, NY, Tim Rollins, artiste, NY, Angel Abreu, artist, curator, NY, Rick Savinon, artist, NY, Davide Balula, artiste, Paris. Modération par Gianni Jetzer, curator de la section Unlimited de Art Basel. Le sujet de la discussion : Creating Art in Community, faire de l’art en collectif.
Alison Knowles évoque comment la notion d’auteur était, du moins la plupart du temps, évincée au sein du groupe Fluxus. L’intervention de Tim Rollins, parfaitement inintéressante, me rappelle les messes américaines : « I mean, I’m not talking about relational esthetics here, I mean, come on, we invented this shit, we went down in the streets of the bronx and took the kids and together, with love and respect, we created art, just like you’re having a giant bloc party ! »
Davide Balula donne un aperçu de sa pratique et évoque les différences entre arts plastiques et arts vivants quant au statut des performeurs : il faut batailler pour les faire rémunérer correctement dès qu’on sort de l’économie du spectacle.
Je suis agacée par le modérateur qui ne veut pas aborder ce sujet, sous prétexte qu’il n’y a pas assez de temps. On reste avec la remarque d’Alison Knowles : « The difference between theater and performance art is just like the difference between steak and ice-cream. »
Je suis néanmoins marquée par une remarque de Gianni Jetzer, qui parle d’une étude scientifique qui a prouvé qu’au niveau cérébral, lorsqu’on contemple une sculpture, une confusion schizophrénique entre l’œuvre et notre corps a lieu.

Cette anecdote m’accompagne tout au long de ma visite du Kunstmuseum Basel, et me fait penser à notre discussion sur les chocs esthétiques de hier. Je me laisse profondément émouvoir par la collection splendide du musée, je me dissous dans Newman, Twombly, je deviens du métal, du plâtre, du feutre devant Stella, Naumann, Beuys, je me fonds dans Rock my Religion de Dan Graham, je me sens même un peu Jeff Koons et Matthew Barney en sortant 3 heures plus tard du musée.

19h. Réception à la Kunsthalle et rencontre avec Elvire Bondelle. Pratique sur l’attente, la position du corps, la détente, le dessin avec protocole (à la règle, avec un seul geste circulaire répété…).

www.elvirebonduelle.com

 

Plus tard, dans un bar, la discussion dégénère à cause d’un clown qui nous vend un Jeff Koons à 1euro, ce qui me trouble dans ma récente identification à ses sculptures gonflables. Les chocs esthétiques, tout comme l’alcool, sont à consommer avec modération.