Chère Diane,

Tandis que hier j’ai été amenée à réfléchir beaucoup aux différents systèmes normatifs et comment les artistes arrivent (ou pas) à en jouer, à les court-circuiter et à ouvrir certaines brèches, les rencontres et discussions d’aujourd’hui questionnent l’impact des territoires et modes de vie sur la production artistique. Le travail de Laurence Mellinger respire son engagement éco-responsable tandis que Sandra Kunz transporte en elle et dans ses œuvres une culture hybridée entre l’Occident et la Chine – je suis très touchée par une installation qu’elle a réalisée en Chine et pour laquelle elle a missionné des artisans chinois a reconstruire un village typiquement chinois dans la galerie, sans aucune instruction précise – ce qui est très peu convenu en Chine – et qui ont commencé par empocher le budget alloué pour ensuite construire des abris de fortune avec des matériaux de récupération. Une discussion avec Sandrine Wymann, Emilie George et Pierre Soignon (commissaire du Granit à Belfort) me fait reprendre conscience de la spécificité du territoire alsacien, de sa situation frontalière et de la richesse – du « privilège » selon les autres territorialités regroupées désormais dans la nouvelle grande région de Champagne-Ardenne-Lorraine-Alsace – des échanges qu’elle rend possible. Le soir, nous discutons avec Jan Kopp de la notion d’habitat, de cabanes, de mobilité – et notamment des maisons alsaciennes démontables et remontantes à d’autres endroits – mais aussi d’une résidence qu’il a effectuée au Luxembourg, mon pays natal, et qui rend évident que les conditions de production ne sont pas les mêmes partout!

Sandra Kunz, White goldfish, 2012

Sandra Kunz, White goldfish, 2012