Chère Diane,

Aujourd’hui, dimanche, je rencontre Jacques Lopez et Audrey Pouliquen. Ils font tous les deux partie de ÖDL, un collectif d’artistes qui gravite entre arts sonores et sérigraphie et organise des concerts noise aussi bien que des résidences d’artistes. Dans le travail de Jacques, le jouet se pose comme présager d’une fin du monde en perpétuelle proximité, oscillant entre imitation naïve et potentielle arme de destruction massive. Nous discutons du concept du « même », sorte de théorie de l’évolution appliquée aux idées, développée entre autres par rapport aux pratiques sur Internet où le copier-coller, la citation et le détournement sont en effet particulièrement en vogue. Questionnant les notions d’auteur, de création individuelle ou collective, Jacques partage ses astuces de DIY avec d’autres internautes sur sa chaîne Youtube, laissant entrevoir des pratiques de diffusion loins des réseaux institutionnels.
Audrey se place elle aussi en dehors des circuits normés.  En « excursionniste », elle marche, physiquement, pendant de longues heures et de longs kilomètres, la nuit, souvent. Ses matériaux sont les mots et les sons, lus, entendus, enregistrés, écrits. Elle affectionne particulièrement la forme de la prise de notes, offrant des brèches pour divaguer, digresser, tracer son chemin tout en se perdant sur la route. Se questionnant beaucoup sur comment restituer ses expériences, elle choisit la double forme du récit empirique et des citations référencées, reproduits dans de petites éditions présentées sur des étagères modulables – faits main, DIY, là aussi.