Chère Camille,

J’ai eu une longue discussion avec Martial Déflacieux d’Artistes en résidence au sujet des mots qu’on met sur les œuvres d’art. Il écrit une thèse sur les rapports entre texte et production artistique, en analysant notamment le rôle et l’impact des textes de médiation, à disposition du public dans les expositions. Il semble que les mots soient un des grands sujets de la semaine, après les Esquisses de ce week-end, ces œuvres qui « résistent » ou « échappent aux mots » (formule que j’ai utilisée dans les deux cartes postales que je t’ai adressées, sans me rendre compte de cette répétition), mes doutes au sujet de Diane et tes retours précieux sur mon écriture qui me confirment ce que je savais déjà, qu’il faut arrêter d’écrire à Diane, publiquement en tout cas. Martial est plus radical, il pense qu’il faut tuer Diane. Dramatiquement parlant. C’est vrai que j’avais songé moi-même à une sorte de mise à mort sous forme de pièce de théâtre, mais comme tout m’échappe de l’écriture de pièces de théâtre, je préfère opérer une substitution symbolique par toi, ma chère Camille. Tu es en passe de devenir mon unique correspondante.
Je t’embrasse.